Confinement J+18

Après 3 semaines, je sens comme une baisse de moral ou plus moche, une sorte d'aigreur. On est pourtant parmi les mieux lotis, on a pu partir à la campagne.

Et tout va bien ! Les enfants font le max, ils sont super compréhensifs, ils jouent le jeu de notre petit planning, ils s'occupent tout seul pendant qu'on est coincé en call...

C'est ça le souci, on est coincé en call ! Les tunnels de réunions ont été remplacé par des tunnels de calls. Business as usual... On est à 100% tous les deux, pas de chômage partiel. Ma boite en a demandé très peu de peur de se voir refuser la totale, et mon mari est freelance. Voilà voilà... Ma boite voit une baisse d'activité de 30% mais on se concentre sur les chantiers de fond. Très peu sont donc en chômage partiel. Mon mari pallie l'absence des salariés de son client (qui eux y sont, en chômage partiel) et bosse comme jamais. Tout cela fait sens d'un point de vue économique mais perd de vue un point un peu central en ce moment : les écoles sont fermées et on doit, on veut, s'occuper de nos enfants ! On ne veut pas les laisser à eux mêmes pendant que, 'chuuuut, leurs parents sont en call' ! C'est un truc à côté duquel le gouvernement est totalement passé, on n'a pas droit au chômage partiel pour s'occuper de ses enfants qui n'ont plus école... 

Et là voilà, la frustration, l'aigreur qui monte, de tout ce temps libre qu'on nous vente partout et qu'on n'a pas. On stresse comme jamais, on doit bloquer dans nos agendas des moments 'déjeuner' sinon on nous colle des calls aussi ! Même pendant les moments qu'on a bloqué, en précisant bien 'Ne rien mettre' !! Oui, parce qu'on a essayé aussi :-) Même pendant les jours de congés... Oui, ça aussi on a tenté... de se mettre en vacances... mais pas possible. 

J'ai l'impression d'être dans un monde parallèle, d'être à côté de ce que la majorité des gens vivent. Alors la frustration monte, je jalouse même, j'avoue, tout ceux qui ont le temps, en plus de s'occuper de leurs enfants, de voir 'Les Indes Galantes' que l'Opéra de paris met à disposition, de ces centaines de bouquins que la Fnac libère aussi, de l'analyse philosophique des films de Miyazaki sur France Culture ou juste de travailler sur mes projets perso qui traînent depuis des lustres... Juste de tout ce que je n'ai jamais le temps de faire. 

J'écoutais une discussion entre Alice Chéron (géniale Alice qui raconte et partage sa vie en Italie sur Ali Di Firenze) et la philosophe Marie Robert, et Alice racontait qu'une amie lui disait qu'elle avait l'impression de passer à côté de son confinement. J'ai souri et en même temps, c'est tellement ça. 

Cette énergie n'est pas bonne, elle pollue. Je dois retrouver un espace de respiration pour nous et pour moi. Ça ira mieux la semaine prochaine !